Crédit photo: Harold Cassière
par Cynthia Tarlao et Edda Bild
Nous le savons tous, le contexte est important : l’endroit et les personnes avec qui nous sommes sont toutes aussi importantes que notre activité, quelle que soit l’occasion. J’aime déjeuner dans un parc en regardant passer les gens, entourée de sons humains et même de la rumeur de la ville, mais est-ce votre cas?
Grace à une série d’études incluant une modélisation de facteurs sur site et des expériences en laboratoire, l’équipe de la Ville Sonore a étudié diverses influences du contexte sur le paysage sonore.
Nos expériences en laboratoire montrent que ce que nous appelons des « facteurs situationnels », tels que le jour et l’heure, façonnent nos perceptions de l’environnement sonore indépendamment de toute attente des usagers. Tous ces facteurs sont évidemment intimement lié au niveau sonore, mais pas que : un endroit plus tranquille est jugé plus plaisant et moins animé qu’un endroit plus bruyant, les après-midis sont moins plaisants et plus animés que les soirs et les fins de semaine sont plus animées que les jours de semaine.
Dans le même temps, nos études sur site révèlent que d’autres facteurs situationnels, moins lié au niveau sonore, sont aussi importants, tel que l’interaction sociale, c’est-à-dire si une personne utilise l’espace seule ou avec d’autres. Nos résultats montrent que les usagers en groupes jugent leur environnement sonore plus plaisant et moins animé que les usagers solitaires, potentiellement parce que leur attention est attirée par leur compagnons et détournée de leur environnement.
D’autres facteurs peuvent aussi entrer en jeu et nous avons examiné un certain nombre de « facteurs personnels » tels que l’extraversion, le genre, l’âge et la sensibilité au bruit. Nous avons découvert que, par exemple, une personne plus extravertie trouvera son environnement sonore moins animé. De plus, les femmes et les jeunes jugent leur environnement sonore plus plaisant et moins animé que les hommes et les personnes plus âgées, ce qui semble être lié à une utilisation plus « sociale » de l’espace public.
Enfin, la sensibilité au bruit est un autre facteur important, on le comprend aisément : les personnes plus sensibles au bruit jugent leur environnement sonore moins plaisant. Nous savons depuis longtemps que les femmes et les personnes plus âgées sont plus sensibles au bruit, ce qui veut donc dire que ces populations ont plus tendance à juger leur environnement sonore moins plaisant.
Bien que nous commençons à peine à effleurer la complexité des facteurs qui influencent notre perception des environnements sonores, il est important de garder à l’esprit que les enjeux de contexte jouent un rôle important et que nous devons concevoir des espaces publics qui prennent en compte une multiplicité d’expériences.