Le son joue un rôle essentiel et complexe dans notre expérience sensible des espaces urbains. À date, les villes considèrent les sons en ville comme du bruit, une nuisance isolée à pallier au moyen de différentes stratégies techniques. Cette approche de lutte contre le bruit permet de rendre les environnements sonores urbains moins désagréables, mais cela sans envisager les possibilités de les enrichir. Dans certains contextes, la présence de musique, conversations, chants d’oiseaux, ou bruits d’eaux peuvent améliorer la qualité des espaces urbains. Ainsi, le son peut contribuer à notre bien-être, nous aider à nous orienter, focaliser notre attention, et faire partie intégrante de nos souvenirs des espaces publics, voire de la ville dans son entier.
Le paysage sonore est une nouvelle approche proactive centrée autour de l’utilisateur qui redéfinit le son comme ressource en lien avec les autres considérations d’aménagement urbain; et ce, de la phase de conception à l’utilisation à long terme des espaces urbains. Cette approche évite la supposition implicite que tout bruit environnemental est mauvais. Bien qu’établie dans la littérature scientifique, les applications pratiques de cette approche restent limitées. Un droit fondamental de tout citoyen est celui de pouvoir vivre, travailler, se divertir et se détendre dans des environnements sonores appropriés. Afin d’atteindre ce but, nous devons prendre en compte le point de vue et les activités des utilisateurs et le contexte dans lequel les sons sont perçus, et tout ceci a des retombées sur l’aménagement de nos villes. Une approche multisectorielle est indispensable à l’inclusion de toutes les parties prenantes et d’autres facteurs en lien avec l’aménagement.
L’approche du paysage sonore saisit l’idée que les sons « appropriés » peuvent être utilisés de manière positive ; elle dévie ainsi de l’approche traditionnelle de l’atténuation du bruit urbain qui vise à rendre les villes moins négatives mais pas forcément plus positives. Traditionnellement, le milieu de la recherche sur le paysage sonore s’est concentré sur le point de vue des « utilisateurs de la ville », mais nous élargissons cette relation pour y inclure et comprendre le rôle des « décideurs de la ville ».
Afin d’explorer ces idées, nous avons mis sur pied l’équipe de la Ville Sonore, incluant des partenaires de l’université McGill, de la Ville de Montréal, et des secteurs professionnels publique et privé. Ce partenariat vise à positionner Montréal comme chef de file de la gestion du bruit urbain en reliant la recherche et la pratique et des ambiances sonores. Incluant des experts du paysage sonore, de la planification urbaine et de la règlementation du bruit, et au vu de nos antécédents collaboratifs, notre équipe de recherche est on ne peut mieux placée pour aborder ce fossé entre recherche et pratique, et ce, de façon quasi-pionnière.
D’un point de vue pratique, ce partenariat vise à influencer 3 domaines principaux, en : influençant la gestion du bruit urbain, faisant avancer la recherche sur le paysage sonore et dispensant des programmes de formation sur les ambiances sonores urbaines pour les professionnels de l’urbanisme et autres décideurs. Par le biais d’activités de vulgarisation pour le grand public, nous offrons aux habitants de Montréal une meilleure compréhension des procédés de leur ville afin de leur donner les moyens de façonner leur environnement. Nous cherchons aussi à apprendre d’autres organisations et vous invitons à contribuer ou contacter notre équipe avec tout commentaire.