Journées de l’environnement sonore

L’équipe Ville Sonore participe aux Journées de l’environnement sonore les 2 et 3 juin 2021 prochains. Il s’agit de 2 demi-journées de conférences, de panels et d’ateliers de discussion pour explorer comment aménager avec le sonore. Cette formation pour les professionnels de l’aménagement fait suite aux premières Journées du Bruit Environnement de 2019.

L’événement est organisé par Ordre des urbanistes du Québec (OUQ) en collaboration avec l’Université McGill (équipe Ville Sonore), l’ÉTS, l’Université Laval, le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère des Transports du Québec, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, l’Institut national de santé publique et la Ville de Montréal.

Pour plus d’informations, https://ouq.qc.ca/activite/les-journees-de-lenvironnement-sonore-2021/

Questions de contexte

Crédit photo: Harold Cassière

par Cynthia Tarlao et Edda Bild

Nous le savons tous, le contexte est important : l’endroit et les personnes avec qui nous sommes sont toutes aussi importantes que notre activité, quelle que soit l’occasion. J’aime déjeuner dans un parc en regardant passer les gens, entourée de sons humains et même de la rumeur de la ville, mais est-ce votre cas?

Grace à une série d’études incluant une modélisation de facteurs sur site et des expériences en laboratoire, l’équipe de la Ville Sonore a étudié diverses influences du contexte sur le paysage sonore.

Nos expériences en laboratoire montrent que ce que nous appelons des « facteurs situationnels », tels que le jour et l’heure, façonnent nos perceptions de l’environnement sonore indépendamment de toute attente des usagers. Tous ces facteurs sont évidemment intimement lié au niveau sonore, mais pas que : un endroit plus tranquille est jugé plus plaisant et moins animé qu’un endroit plus bruyant, les après-midis sont moins plaisants et plus animés que les soirs et les fins de semaine sont plus animées que les jours de semaine.

Dans le même temps, nos études sur site révèlent que d’autres facteurs situationnels, moins lié au niveau sonore, sont aussi importants, tel que l’interaction sociale, c’est-à-dire si une personne utilise l’espace seule ou avec d’autres. Nos résultats montrent que les usagers en groupes jugent leur environnement sonore plus plaisant et moins animé que les usagers solitaires, potentiellement parce que leur attention est attirée par leur compagnons et détournée de leur environnement.

D’autres facteurs peuvent aussi entrer en jeu et nous avons examiné un certain nombre de « facteurs personnels » tels que l’extraversion, le genre, l’âge et la sensibilité au bruit. Nous avons découvert que, par exemple, une personne plus extravertie trouvera son environnement sonore moins animé. De plus, les femmes et les jeunes jugent leur environnement sonore plus plaisant et moins animé que les hommes et les personnes plus âgées, ce qui semble être lié à une utilisation plus « sociale » de l’espace public.

Enfin, la sensibilité au bruit est un autre facteur important, on le comprend aisément : les personnes plus sensibles au bruit jugent leur environnement sonore moins plaisant. Nous savons depuis longtemps que les femmes et les personnes plus âgées sont plus sensibles au bruit, ce qui veut donc dire que ces populations ont plus tendance à juger leur environnement sonore moins plaisant.

Bien que nous commençons à peine à effleurer la complexité des facteurs qui influencent notre perception des environnements sonores, il est important de garder à l’esprit que les enjeux de contexte jouent un rôle important et que nous devons concevoir des espaces publics qui prennent en compte une multiplicité d’expériences.

Cours d’introduction au sonore pour les professionnels en aménagement

par Edda Bild

C’est la rentrée scolaire pour l’équipe de la Ville Sonore ! Enfin, plutôt pour les professionnel×le×s en aménagement qui prendront part à notre cours (ludique) sur les principes de base du sonore. Avec ce cours, nous cherchons à sensibiliser au sonore les professionnels et décideur×se×s de nos villes et à les préparer au mieux à formuler leurs besoins et atteindre des objectifs précis en termes d’environnement sonore.

Le cours est structuré autour d’exercices pratiques et d’exemples précis, combinant du contenu théorique abordable, mis en lien avec des considérations pratiques de politiques publiques et pratiques s’aménagement. L’accent sera mis sur les connaissances qui ont un impact tangible sur la pratique quotidienne des professionnel×le×s. Aucune équation ne sera maltraitée durant la réalisation de ce cours!

Organisé en 5 sessions de 2 heures, ce cours présentera d’amples opportunités de mettre en pratique les connaissances acquises autour du sonore par le biais d’évaluations de projets existants, d’exercices de jeux de rôles collaboratifs et de démonstrations des technologies sonores pouvant accompagner la pratique quotidienne des professionnel×le×s. Chaque session sera centrée autour d’un aspect spécifique du sonore, allant de la perception auditive à l’impact sociétal. À la fin de ce cours, les professionnel×le×s seront en mesure d’appréhender le sonore non plus seulement comme un problème mais comme un élément à part entière de l’environnement urbain, et de mieux comprendre et anticiper les conséquences (acoustiques) de leurs décisions d’aménagement.

Comme « petit plus », les participant×e×s pourront recevoir une attestation de participation, les heures de ce cours pouvant compter comme temps de formation continue.

Le cours est encore en cours de développement pour le moment et sera disponible à partir de l’automne 2021. En raison des restrictions en lien à la COVID-19, cette première itération se fera à distance et en anglais. Si vous êtes architecte, planificateur×ice, designer, architecte paysagiste ou tout autre professionnel×le en urbanisme (ou si vous en connaissez) et que vous êtes encore en train de lire, n’hésitez pas à vous inscrire à notre liste de diffusion pour ne manquer aucune mise à jour sur ce cours en remplissant ce formulaire.

Le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud annonce un “great public spaces toolkit”

Picture of Hyde Park

par Daniel Steele

Dans le monde entier, les villes, les chercheurs et le grand public s’intéressent de plus en plus aux espaces publics et aux fonctions importantes qu’ils jouent dans la vie civique. La pandémie de COVID-19 a transformé cette attention en urgence. Pratiquement toutes les villes du monde se sont jointes à la conversation sur la nécessité de revoir la façon dont nos espaces publics sont alloués et les équipements qu’ils offrent, comme nous l’avons vu à travers l’augmentation exponentielle de la fréquentation des parcs ou la demande soudaine d’espaces de restauration en plein air. L’initiative de l’université de Boston sur les villes a documenté la mesure dans laquelle les villes américaines ont répondu à ce défi, allant d’adaptations mineures et temporaires à des adaptations transformatrices et permanentes.

Ailleurs dans le monde, le département de la planification, de l’industrie et de l’environnement de la province australienne de New South Wales a utilisé 2020 pour tester un outil d’évaluation qui pourrait l’aider à mieux documenter la qualité des espaces publics offerts aux utilisateurs. Publié sous le nom de « Great Public Spaces Toolkit », l’outil comprend une liste de contrôle évaluant un large éventail d’attributs allant du confort à la sécurité, de la gestion et du caractère de l’espace, et enfin, comme vous l’avez peut-être deviné, au son.

Leur rapport d’engagement résume le processus de discussion avec les habitants et les experts du monde entier pour améliorer leur liste de contrôle. En cours de route, ils ont discuté avec des chercheurs de la Ville sonore. Au cours de nos conversations, nous les avons aidés à intégrer la dimension sonore – non seulement la façon dont le bruit peut nuire à l’expérience de l’espace public, mais aussi la façon dont les sons positifs peuvent contribuer à renforcer les autres attributs qu’ils essaient de promouvoir dans un espace.

L’une des améliorations clés qu’ils ont ajoutées à leur version finale était « Les sons dans l’espace public ». Selon eux, les commentaires du public et de la Ville sonore « nous ont aidés à aborder l’évaluation des sons dans l’espace public et la façon dont les sons peuvent être perçus comme agréables ou peuvent compromettre les activités et les expériences des gens. » En pratique, dans la liste de contrôle, cela s’est traduit par l’ajout d’une section « Que pouvez-vous entendre ? » à côté de « Que font les gens ? » et « Quels éléments pouvez-vous voir ? ».

Nous aimons rendre compte de ces innovations simples, mais efficaces et directes en matière de politique et de gouvernance, car nous comprenons les défis que représentent le recadrage du son et la révision du problème du bruit dans une perspective positive et publique. Nous sommes impatients de connaître les impacts de l’inclusion du son sur leur liste de contrôle et nous leur souhaitons bonne chance pour l’avenir de leurs espaces publics !

De notre côté, restez à l’affût des mises à jour de notre recherche sur la façon dont l’utilisation des espaces publics a changé pendant la pandémie de COVID-19 à Montréal.

*les liens sont uniquement disponible en anglais

Prendre des citrons et en faire de la limonade : trois leçons tirées d’une étude sur l’effet d’un brumisateur dans un espace public

Imaginez que vous venez de passer des mois à préparer une étude pour la saison estivale qui portera sur une installation sonore dans un espace public. Cet espace testera trois aménagements, chacun ayant un brumisateur. Vous vous demandez sûrement où sont les citrons ? En principe, les brumisateurs étaient destinés à un usage en continu, mais en pratique, nous avons découvert qu’ils ne fonctionnaient correctement qu’une fois sur deux. Cette panne aléatoire s’est avérée être une excellente opportunité d’étudier l’effet du brumisateur, d’où notre limonade.

Plusieurs études précédentes effectuées en laboratoire ont évalué l’effet des fontaines de différentes tailles et différents degrés d’audibilité. Ces études démontrent que les fontaines peuvent influencer l’évaluation du paysage sonore des usagers d’une place publique avec, par exemple, des évaluations plus élevées sur des échelles telles que « agréable » ou « tranquille ». Or, nous comprenons mal dans quelle mesure ces effets s’appliquent une fois rendu sur site et en-dehors du laboratoire. Notre récente étude, A tale of three misters, apporte quelques éléments de réponse à ces questions au sujet des brumisateurs.

Notre étude démontre que l’ajout d’un brumisateur n’est pas garant d’un paysage sonore amélioré. Alors que les paysages sonores pour les deux premiers aménagements étaient moins chaotiques et moins bruyants avec un brumisateur fonctionnel, c’était l’inverse pour le troisième aménagement. Cette inversion s’explique possiblement par le placement du brumisateur en plein milieu du sentier pédestre lors du troisième aménagement. Le brumisateur a alors laissé un sentier boueux et inutilisable. Leçon #1 : l’expérience du sonore est un élément à part entière dans le design d’un espace public et doit être considéré ainsi. Compte tenu de la température et la période de l’année, quel effet aura un brumisateur sur l’utilisation de l’espace ? En cas d’incompatibilité, ce sera peut-être à reconsidérer !

De plus, cette étude était révélatrice de l’incidence d’un brumisateur sur les évaluations du paysage sonore. Les bruits d’eau ont été jugé par les répondants comme étant agréables. Cependant, le bruit du brumisateur n’a pas remplacé les bruits de trafic, mais plutôt l’inverse. Les répondants qui ont mentionné l’eau comme source sonore ont aussi plus souvent cité le trafic. Il semble donc que le bruit du brumisateur fait appel aux souvenirs et expériences des usagers de l’espace public, en rappelant par exemple, un moment de rafraichissement lors d’une canicule. Ces souvenirs influencent nos évaluations du paysage sonore d’une manière positive. Leçon #2 : il est important de considérer les souvenirs et ressentis évoqués par le bruit.

Mais le plus surprenant était le fait que le brumisateur rendait le paysage sonore moins chaotique et moins bruyant même lorsqu’il était peu probable que le répondant puisse l’entendre. Leçon #3 : il n’est pas nécessaire que le brumisateur soit audible pour avoir un effet sur le paysage sonore d’un espace. Nous n’avons, à ce jour, pas d’explication pour ce phénomène. Il est possible que le brumisateur attire les usagers vers l’espace public, ce qui, en conséquence, influence leurs attentes de l’espace. On espère pouvoir investiguer davantage dans les années à venir. En attendant, ce fut une limonade très désaltérante !

Comment était le paysage sonore de Montréal en 2020 ? Voici trois manières de participer à nos recherches :

  1. Habitez-vous sur l’île de Montréal ? Répondez à notre sondage sur l’environnement sonore durant le confinement lié à la COVID-19 (disponible en français et en anglais): aller au sondage.
    • Ce questionnaire est inspiré par l’enquête de nos collègues à Acoucité, qui ont récolté plus de 3000 réponses à travers la France ! Leurs résultats sont disponibles ici.
  2. Si vous habitez sur l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal ou dans le centre ville, vous pouvez également participer à une entrevue défrayée en Anglais, Français ou Espagnol avec notre équipe: inscrivez-vous ici.
  3. Si vous n’avez pas tant de temps, vous pouvez répondre à notre sondage sur le paysage sonore du Plateau-Mont-Royal et du centre-ville: aller au sondage.

P.S. il est bien sûr possible de réaliser les trois entretiens/questionnaires si vous remplissez toutes les conditions. 

L’équipe Ville Sonore vous remercie pour votre aide précieuse !

Aidez-nous à comprendre l’environnement sonore estival de la COVID-19

  • Habitez-vous sur le Plateau-Mont-Royal ou dans le Quartier des spectacles?

L’équipe Ville sonore de l’Université McGill vous invite à participer à un sondage en ligne dans le cadre d’un projet de recherche mené en collaboration avec l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et le Partenariat du Quartier des Spectacles. Avec ce sondage, nous cherchons à mieux comprendre votre expérience estivale à Montréal durant la pandémie de COVID-19, en particulier votre expérience de l’environnement sonore intérieur et extérieur. Les résultats de cette étude contribueront à l’amélioration des politiques de gestion du bruit des futurs festivals, en particulier dans le contexte des restrictions dues à la COVID.

Merci de cliquer sur le lien en bas pour accéder au sondage et partager votre opinion sur l’été 2020.

Aller au sondage

N.B. nous avons également un sondage sur votre expérience du confinement COVID-19 du printemps

Aidez-nous à comprendre le confinement COVID-19 de ce printemps

  • Étiez-vous à Montréal pour le confinement COVID-19 du printemps ?
  • Avez-vous trouvé Montréal bruyant ? Plus calme ? Différent ?

L’équipe de la Ville Sonore souhaite mieux comprendre l’expérience des résidents de Montréal durant la période de confinement dû à la COVID-19 (de mars à mai 2020). Cette étude s’intéresse en particulier à votre expérience de l’environnement sonore intérieur et extérieur. Les résultats de cette étude contribueront à mieux comprendre les conséquences du confinement sur l’environnement sonore de la ville, ainsi qu’à la potentielle amélioration des politiques de gestion du bruit.

Merci de cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder au sondage et partager votre opinion sur la période de confinement dû à la COVID-19.

Aller au sondage

NB: nous avons également un sondage sur votre expérience estivale

Effet du confinement sur les ambiances sonores montréalaises

par Catherine Guastavino

Depuis de début du confinement, l’équipe Ville sonore arpente les rues de Montréal pour documenter les ambiances sonores de la ville au ralenti. Au moyen d’analyse de niveaux sonores et d’enregistrements audio, nous avons pu observer une baisse importante des niveaux de bruit ambiant ainsi que l’émergence de sources sonores habituellement masquées par la circulation routière. Ces travaux ont attiré l’attention des médias. Consultez les liens ci-dessous pour en savoir plus!

Journal:

Radio:

Célébrez l’histoire de la radio à Montréal avec une marche sonore, à l’occasion du centenaire de la radiodiffusion au Canada

par Mariana Mejía Ahrens (traduit en Français par Valérian Fraisse)

Radio dans la ville : 100 ans d’histoire à Montréal

L’année 2020 marque le 100e anniversaire de la radiodiffusion au Canada. Afin de commémorer l’histoire du développement des technologies radio, le Musée des ondes Emile Berliner et la Société Québécoise des Collectionneurs de Radios Anciens (SQCRA)  ainsi que d’autres généreux partenaires de la région de Montréal se sont réunis afin d’organiser le centenaire de la radiodiffusion au Canada.

Ce programme annuel ambitieux prévoyait à l’origine une pléthore d’activités parmi lesquelles des conférences, des présentations, des expositions temporaires ainsi que des événements de vulgarisation. Afin de répondre aux imprévus entraînés par la Covid19, le site web du centenaire a été mis en place et est désormais le principal pôle virtuel où se diriger pour accéder aux contenus concernant la célébration. L’équipe du centenaire met régulièrement à jour  divers articles et activités provenant de l’ensemble des institutions partenaires.

Mués par la volonté de créer du contenu captivant, nous avons récemment mis en place un parcours patrimonial illustrant les pionniers de la technologie radio ainsi que les endroits à Montréal qui témoignent de son histoire. Le parcours est divisé en deux circuits invitant à explorer ces emplacements à travers le Vieux Port, le centre-ville et l’arrondissement du Sud-Ouest. Une carte interactive et un guide détaillé du circuit sont disponibles sur la page web du parcours.

Si vous vous retrouvez à marcher à travers la ville en suivant ce parcours*, prenez un instant et soyez attentifs à l’expérience immersive qui se déroule sous vos yeux. Écoutez les sons qui vous entourent à chaque emplacement, et entre ceux-ci. Essayez d’identifier les sons qui vous entourent, évaluez la qualité de l’ambiance sonore. Est-ce que la taille et la forme des bâtiments qui vous entourent influencent celle-ci ? Quid des matériaux dont ils sont constitués ? Au fur et à mesure que vous lisez les descriptions des événements historiques ayant lieu au début du 20e siècle dans ces mêmes emplacements, essayez d’imaginer les sons qu’auraient pu entendre les Montréalais d’alors. Comment se comparent-t’ils aux sons que vous entendez ? Est-ce que qu’une partie de ces sons sont toujours présents aujourd’hui ?

Nous espérons que ce parcours patrimonial éveille votre curiosité sonore en tant qu’explorateur urbain, et nous vous encourageons à continuer d’apprendre à propos de cet important héritage sur la radio dont témoigne Montréal.

*Si vous choisissez de de réaliser le parcours à pied, nous vous encourageons à suivre les protocoles de distanciation sociale afin d’assurer votre sécurité et celle de vos amis explorateurs.